Arti­cle rédigé par Lydia Morel, le 05/04/2012

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J’ai écrit cet arti­cle après un an et demi d’activité en tant que con­sul­tante en développe­ment d’affaires pour le secteur des biotech­nolo­gies et de la recherche bio­médi­cale. C’était pour moi l’occasion de faire le bilan de mon activ­ité com­mer­ciale et de remet­tre en ques­tion les principes fon­da­men­taux de l’entreprise, et par con­séquent son activ­ité.

Cette pre­mière expéri­ence d’entrepreneur m’a per­mis d’être le témoin des dérives et abus de ce domaine d’activité aus­si bien dans le secteur privé que dans le secteur pub­lic. Je souhaitais dénon­cer la pri­vati­sa­tion à out­rance du secteur de la san­té et, en amont, de la recherche sci­en­tifique en biotech­nolo­gie et bio­médi­cale.

Cela ne cor­re­spondait pas à mon éthique de sys­tème de san­té et d’une recherche sci­en­tifique qui devraient être tournés avant tout vers l’intérêt général.

Sommaire

Le capitalisme académique

  • Con­stat actuel de la sit­u­a­tion économique de la recherche publique en France
  • Les con­séquences
    • La dis­pari­tion pro­gres­sive de la recherche fon­da­men­tale au prof­it de la recherche appliquée
    • Déf­i­ni­tion d’axes de recherche pri­or­i­taires au sein de la recherche appliquée
    • La mul­ti­pli­ca­tion des brevets
  • Les moyens mis en œuvre pour favoris­er le cap­i­tal­isme académique
    • La créa­tion des cel­lules de val­ori­sa­tion
    • La mul­ti­pli­ca­tion des parte­nar­i­ats pub­lic-privé réal­isée au détri­ment du secteur pub­lic

Le capitalisme étatique

  •  Déf­i­ni­tion con­textuelle
  • Quelques exem­ples de con­cur­rence déloyale vis-à-vis des TPE et PME
  • Le détourne­ment des fonds publics et la créa­tion de nich­es fis­cales

Le lobbying des élites professionnelles du secteur privé sur les politiciens, les élus locaux et les représentants des organismes de protection sociale

  • Le lob­by­ing des représen­tants de l’industrie des biotech­nolo­gies auprès des politi­ciens
  • Con­nivences affichées entre le monde de l’académique et les politi­ciens
  • Les grands financiers à la rescousse de la recherche en biotech­nolo­gie

Le capitalisme académique

Constat actuel de la situation économique de la recherche publique en France :

Les poli­tiques de l’Etat français et des autres états de l’Union Européenne (c’est la même poli­tique qui est menée en Alle­magne) visent la pri­vati­sa­tion de la recherche publique (ain­si que de l’enseignement supérieur). Elles sont encour­agées par l’Union Européenne au tra­vers, notam­ment de son pou­voir exé­cu­tif, la Com­mis­sion Européenne.

En France, nous con­sta­tons une baisse régulière du bud­get de l’Etat dans la recherche publique et l’enseignement supérieur depuis le retour de la droite au pou­voir en 2002. Ce mou­ve­ment s’est accéléré sous la prési­dence de Nico­las Sarkozy. Il est à not­er que ces bud­gets étaient déjà insuff­isants pen­dant les man­dats de François Mit­ter­rand com­parés aux autres états européens.

Dépenses de l'Etat français en matière d'enseignement supérieur

L’Etat français con­sacre un bud­get inférieur en moyenne à celui de ses voisins européens en matière d’éducation surtout pour l’enseignement supérieur (selon un rap­port de l’OCDE en 2011). Les uni­ver­sités français­es sont par­ti­c­ulière­ment sous dotées par rap­port à la moyenne européenne, cela s’explique par le sys­tème dual de l’enseignement supérieur français, qui est scindé en deux entités : d’un côté l’université, le par­ent pau­vre, réservé surtout à la classe moyenne et à la par­tie supérieure des class­es pop­u­laires, de l’autre les Grandes Ecoles publiques, réservées aux fils (et filles main­tenant) majori­taire­ment issus de l’élite de la société française (famille dont les mem­bres sont des hauts fonc­tion­naires et/ou appar­ti­en­nent à la grande bour­geoisie). Ain­si, le bud­get moyen d’un étu­di­ant d’université française est beau­coup moins élevé que celui de la moyenne européenne. Si l’on com­pare la sit­u­a­tion des étu­di­ants des Grandes Ecoles la sit­u­a­tion est un peu meilleure, car ceux-ci béné­fi­cient de meilleures infra­struc­tures et sont rémunérés. Le salaire des étu­di­ants des grandes écoles est une réal­ité d’autant plus choquante que, comme je l’avais expliqué précédem­ment, ces étu­di­ants sont majori­taire­ment issus de milieux très priv­ilégiés ! La plu­part n’en ont donc pas besoin. Le car­ac­tère très éli­tiste et hiérar­chisé du sys­tème édu­catif français n’a pas vrai­ment d’équivalent en Europe ou dans le monde, ce sys­tème est d’autant plus para­dox­al et scan­daleux que la société française pré­tend être démoc­ra­tique et répub­li­caine.

En rai­son du désen­gage­ment de l’Etat dans le finance­ment de la recherche publique, les Uni­ver­sités et les grands Etab­lisse­ments Publics à car­ac­tère Sci­en­tifique et Tech­nologique, abrégé en E.P.S.T. (CNRS, INSERM, INRA…) et même les étab­lisse­ments publics de soins hos­pi­tal­iers (les Cen­tres Hos­pi­tal­iers Uni­ver­si­taires – CHU, par­ti­c­ulière­ment) sont forte­ment encour­agés à rechercher des finance­ments par leurs pro­pres moyens.

Pour les uni­ver­sités, cela a été ren­for­cé avec la loi d’août 2007 rel­a­tive aux Lib­ertés et Respon­s­abil­ités des Uni­ver­sités (LRU en abrégé) qui a encore plus frag­ilisé le finance­ment de ces dernières, qui étaient déjà le par­ent pau­vre de l’enseignement supérieur et a ren­for­cé la com­péti­tion entre uni­ver­sités.

Les conséquences :

  • La dis­pari­tion pro­gres­sive de la recherche fon­da­men­tale au prof­it de la recherche appliquée :

On con­state de plus en plus que la recherche fon­da­men­tale est sac­ri­fiée au prof­it de la recherche appliquée. Or, bon nom­bre de décou­vertes impor­tantes, pas seule­ment dans le domaine des sci­ences de la vie (SDV) et du bio­médi­cal, mais aus­si dans la plu­part des dis­ci­plines sci­en­tifiques ont été faites de façon for­tu­ite dans le cadre de recherch­es fon­da­men­tales.

  • Déf­i­ni­tion d’axes de recherche pri­or­i­taires au sein de la recherche appliquée :

Seuls les axes de recherche ayant une appli­ca­tion indus­trielle sont sélec­tion­nés et con­sid­érés comme pri­or­i­taires, car ils sont con­sid­érés comme renta­bles. Ce sont ceux qui auront le plus de chance d’obtenir des retombées par rap­port aux acteurs du marché (investis­seurs, parte­naires indus­triels…).

Ain­si sont lais­sés de côté les axes de recherche et prob­lé­ma­tiques com­plex­es, pour ne citer qu’un exem­ple dans le domaine du bio­médi­cal : les mal­adies rares. En out­re, j’ai remar­qué que dans la recherche appliquée actuelle tout était fait pour éviter de raison­ner, d’analyser en terme glob­al. Il y a une ten­dance générale pour aller, de plus en plus, vers le "spé­cial­isé". On ne priv­ilégie pas assez la pluridis­ci­pli­nar­ité. Il est un fait remar­quable à not­er : il n’y a aucune réflex­ion, donc aucune recherche en matière de préven­tion dans le secteur de la san­té ! Evidem­ment, cela ne fait pas vendre…pourtant la préven­tion serait un out­il très effi­cace pour lut­ter con­tre bon nom­bre de "mal­adies" métaboliques, mais aus­si con­tre les mal­adies infec­tieuses et par­a­sitaires.

  • La mul­ti­pli­ca­tion des brevets :

L’une des con­séquences qui découle directe­ment des précé­dentes ori­en­ta­tions est la course effrénée aux brevets. Elle est basée sur une vision de la société tournée presque exclu­sive­ment vers la recherche de l’innovation et du "pro­grès" tech­nologique.

Mal­heureuse­ment l’innovation et le "pro­grès" tech­nologique tels que défi­nis par la caste dirigeante ne sont que rarement syn­onymes de réelles avancées sociales pour la pop­u­la­tion. Ces inno­va­tions sont bien sou­vent nuis­i­bles si elles sont aux mains d’intérêts privés ou de pou­voirs poli­tiques autori­taires (j’y inclus toutes les pseu­do-démoc­ra­ties). En out­re, beau­coup de ces inno­va­tions sont réelle­ment inutiles !

De par mon expéri­ence et mes con­nais­sances en his­toire, en archéolo­gie, en paléoan­thro­polo­gie, je serais plutôt de l’avis que ces "pro­grès tech­nologiques" ont per­mis un plus grand asservisse­ment de la pop­u­la­tion. D’ailleurs, la plu­part des indi­vidus n’en sont pas con­scients…

Je ne remets pas en cause cer­taines tech­nolo­gies et inno­va­tions qui appor­tent un réel bien­fait à la pop­u­la­tion. Je ne cit­erai, par exem­ple, que celles qui con­cer­nent l’amélioration des con­di­tions san­i­taires, du diag­nos­tic de cer­taines patholo­gies ou mal­for­ma­tions graves, des tech­niques chirur­gi­cales non-inva­sives…

 Les moyens mis en œuvre pour favoriser le capitalisme académique :

  • La créa­tion des cel­lules de val­ori­sa­tion :

Afin d’encourager et de met­tre sur pied une poli­tique de la recherche publique tournée vers les appli­ca­tions indus­trielles et les parte­nar­i­ats pub­lic-privé, l’Etat français soutenu par l’Union Européenne, a créé une nou­velle struc­ture admin­is­tra­tive au sein des uni­ver­sités : les cel­lules (ou bureaux) de val­ori­sa­tion et de trans­fert de tech­nolo­gie (les fameux "Tech­nol­o­gy Trans­fer Offices", en anglais, abrégé en TTOs).

Les EPST ont résolu le dilemme lié à leur statut d’établissement pub­lic en créant des fil­iales, des entre­pris­es de droit privé sous forme de sociétés anonymes. Nous pou­vons citer : Fist SA pour le CNRS, créée en 1992, INSERM Trans­fert depuis 2000, INRA Trans­fert depuis 2001. Toutes ces sociétés privées, fil­iales d’EPST, ont vu leurs effec­tifs aug­menter à par­tir de 2005 env­i­ron.

Cer­taines struc­tures publiques de recherche, telles le CEA et l’IRSN (Insti­tut de Radio­pro­tec­tion et de Sûreté Nucléaire) sont des EPIC (Etab­lisse­ment Pub­lic à car­ac­tère Indus­triel et Com­mer­cial). Elles peu­vent donc juridique­ment, de par leur statut, sans trans­former leur struc­ture, faire du com­merce de leurs décou­vertes. Elles pos­sé­daient donc dès le début de leur créa­tion des départe­ments de val­ori­sa­tion et de trans­fert de tech­nolo­gie. Si l’on réu­nit ces deux entités, CEA et IRSN, ce sont actuelle­ment plus de 2000 per­son­nes qui tra­vail­lent dans le secteur des sci­ences de la vie et du bio­médi­cal.[1]

Les objec­tifs et activ­ités des cel­lules de val­ori­sa­tion (TTOs) :

  • sen­si­bilis­er et for­mer le per­son­nel de la recherche à la pro­priété intel­lectuelle et à la pro­tec­tion de ses don­nées : le brevet, la ges­tion des com­mu­ni­ca­tions extérieures (con­grès, con­férence)
  • sen­si­bilis­er et encour­ager la créa­tion d’entreprise (start-up) pour les chercheurs qui ont dévelop­pé un brevet pro­mo­teur
  • gér­er le porte­feuille de brevets appar­tenant à l’université ou l’EPST/EPIC : trou­ver des acquéreurs et exploitants de licences afin d’obtenir des sub­sides
  • aug­menter les parte­nar­i­ats pub­lic-privé au niveau de la recherche : faire financer la recherche appliquée par les indus­triels

Tous ces objec­tifs sont faits pour rap­porter des finance­ments à l’université et aux EPST.

  • La mul­ti­pli­ca­tion des parte­nar­i­ats pub­lic-privé réal­isée au détri­ment du secteur pub­lic :

Con­texte :

Les parte­nar­i­ats pub­lic-privé sont d’autant plus nocifs qu’ils sont pra­tiqués avec des grandes entre­pris­es, notam­ment les multi­na­tionales de l’industrie phar­ma­ceu­tique, com­muné­ment appelées les Big Phar­ma. En tant que con­sul­tante du secteur, j’ai pu assis­ter à des con­férences spé­cial­isées sur le trans­fert de tech­nolo­gie. Dans ces con­férences et con­ven­tions[2], j’ai enten­du et ren­con­tré les acteurs du pub­lic (respon­s­ables et chargés d’affaires des TTOs) et du privé (respon­s­ables du licens­ing & des rela­tions avec l’académique des Big Phar­ma). Quelques-unes des straté­gies de développe­ment de l’industrie phar­ma­ceu­tique ont été publique­ment présen­tées lors de la con­férence Tech Trans­fer Sum­mit en sep­tem­bre 2011 à Paris. Le directeur du départe­ment "Scout­ing & Part­ner­ing Inter­na­tion­al" de Sanofi-Aven­tis présen­ta sa vision des parte­nar­i­ats pub­lic-privé et quelques pro­jets en cours et pro­grammes de recherche à venir avec des équipes de recherche du pub­lic.

Ces con­férences sont sou­vent asso­ciées dans une sec­onde par­tie à une con­ven­tion d’affaires. Les acteurs publics et privés peu­vent donc se ren­con­tr­er lors de ren­dez-vous d’affaires et com­mencer les négo­ci­a­tions.

La ten­dance pour l’industrie phar­ma­ceu­tique depuis ces dernières années est d’externaliser de plus en plus le départe­ment de Recherche et Développe­ment (R & D), car le bud­get est très impor­tant. Or, l’investissement en matière de R & D n’est pas tou­jours asso­cié à des résul­tats probants.

Rap­pel his­torique sur l’évolution du busi­ness mod­el de l’industrie phar­ma­ceu­tique :

Toutes les Big Phar­ma sont issues du secteur de la chimie tra­di­tion­nelle. Pour cer­taines, leur his­toire remonte au début du XXème siè­cle. Elles ont réus­si grâce à une poli­tique de "Block­busters" à acquérir de grandes parts de marchés en imposant cer­tains médica­ments dans le "traite­ment" de cer­taines mal­adies, qui bien sûr con­cer­naient un grand nom­bre de patients pour que ces médica­ments puis­sent être renta­bles, d’où leurs surnoms de block­busters.

La plu­part des brevets de ces block­busters arrivaient à échéance dans les années 90 et début 2000, et les droits allaient tomber dans le domaine pub­lic. Avec la con­cur­rence acharnée entre indus­tries phar­ma­ceu­tiques et l’arrivée des pre­miers génériques sur le marché, les Big Phar­ma ont com­mencé à la fin des années 80 par une stratégie de fusions-acqui­si­tions auprès d’entreprises con­cur­rentes. Ce mou­ve­ment s’est accéléré dans les années 90 et début 2000. Les Phar­ma ont pu retrou­ver une cer­taine prof­itabil­ité et acquérir une taille cri­tique pour leur per­me­t­tre de main­tenir leur posi­tion dom­i­nante sur le marché. Cela leur a per­mis aus­si de com­pléter leurs porte­feuilles de médica­ments. Toute­fois, les médica­ments tra­di­tion­nels n’étaient plus assez promet­teurs en ter­mes de retombées finan­cières.

Pour rester inno­vante afin d’être le plus rentable pos­si­ble, les Big Phar­ma se sont de plus en plus tournées vers les entre­pris­es de biotech­nolo­gies. La biotech­nolo­gie représente une voie d’avenir pour l’industrie phar­ma­ceu­tique tra­di­tion­nelle, car les pro­duits tech­nologiques dévelop­pés à par­tir des sci­ences du vivant sont haute­ment com­plex­es et très inno­vants[3]. Ils sont perçus comme une nou­velle voie thérapeu­tique par le corps médi­cal pour le traite­ment de mal­adies graves et émer­gentes. Ils représen­tent donc une lueur d’espoir pour le traite­ment de cer­taines patholo­gies. Etant don­né que la pop­u­la­tion est prête à pay­er cher pour avoir accès aux soins les plus promet­teurs, ces pro­duits issus de la biotech­nolo­gie peu­vent être "ven­dus" au prix fort et seront donc généra­teurs d’une forte rentabil­ité, même s’ils entraî­nent des coûts de R & D très élevés.

Stratégie actuelle de développe­ment économique de la Big Phar­ma :

Ain­si la Big Phar­ma pour rester tou­jours à la pointe de l’innovation et de la rentabil­ité a adop­té deux straté­gies par rap­port aux jeunes entre­pris­es de biotech­nolo­gie :

  • soit acheter les droits de licences ou acquérir le brevet si néces­saire appar­tenant à ces entre­pris­es, stratégie la plus sim­ple économique­ment, mais pas tou­jours sur le plan sci­en­tifique, car la Big Phar­ma n’a pas les com­pé­tences en interne pour dévelop­per des pro­duits biotech.
  • soit si l’entreprise de biotech est très promet­teuse alors la Big Phar­ma procède à une fusion/acquisition. Toute­fois, plus l’entreprise de biotech­nolo­gie est grande, plus le mon­tage est com­plexe : enjeux financiers impor­tants et risques élevés. Mais le prob­lème des com­pé­tences en interne est résolu.

Je ne par­lerai pas de la R & D sous-traitée aux sociétés de recherche sous con­trats (les Con­tract Research Orga­ni­za­tion, CRO), car pour la par­tie très en amont (drug dis­cov­ery) et jusqu’à la preuve du con­cept (phase 1 des essais clin­iques), les CRO sont rarement con­cernées.

Une alter­na­tive se présente main­tenant aux Big Phar­ma, c’est celle que j’ai men­tion­née un peu plus haut : faire tra­vailler les lab­o­ra­toires de recherche publics pour la par­tie très en amont de la R & D. Main­tenant, grâce aux poli­tiques menées par les autorités nationales et européennes, les indus­tries phar­ma­ceu­tiques se voient offrir sur un plateau des pos­si­bil­ités d’exploiter presque gra­tu­ite­ment ces lab­o­ra­toires et équipes de recherche pour les faire tra­vailler non seule­ment à des fins com­mer­ciales, mais en plus selon des axes de recherche qu’elles auront défi­nis.

Comment la recherche publique se vend à la Big Pharma

En mars 2012, mon entre­prise a reçu une brochure de la CCI des départe­ments Val d’Oise-Yvelines dénom­mée "Con­ven­tion Entre­pris­es Recherche et Inno­va­tion", devant avoir lieu en mai 2012. Dans cette brochure des­tinée aux entre­pris­es des secteurs Biologie/Santé, Chimie, Physique, Matéri­aux, Génie élec­tron­ique et élec­trique, Génie indus­triel et pro­duc­tique, TIC / Sys­tèmes d’informations, Envi­ron­nement / Développe­ment Durable, la CCI fai­sait une offre vers les indus­triels pour utilis­er les com­pé­tences humaines et équipement disponibles dans les étab­lisse­ments d’enseignement supérieur du Val d’Oise. L’offre pub­lic­i­taire était rédigée ain­si :   Vous souhaitez faire pren­dre un virage inno­vant à votre entre­prise ? Vous avez des pro­jets de développe­ment ? Mais vous ne dis­posez pas de toutes les com­pé­tences en interne… Faites appel aux com­pé­tences disponibles dans les étab­lisse­ments d’enseignement supérieur et de recherche du Val d’Oise, par­mi les plus per­for­mants d’Europe. Ils peu­vent vous accom­pa­g­n­er dans la réus­site de vos pro­jets. Types de col­lab­o­ra­tion pos­si­bles : Mise à dis­po­si­tion de sta­giaire, Con­trat de recherche ou de presta­tions (exper­tise), Con­ven­tion Cifre, For­ma­tion par alter­nance, Moni­teur con­seil par doc­tor­ant, Essais sur équipements spé­ci­fiques.

En out­re, les respon­s­ables des TTOs et les directeurs de recherche de l’académique sont des proies faciles pour ces multi­na­tionales, car ils ne sont pas rôdés aux tech­niques et magouilles du monde de l’entreprise. Toute­fois, ne soyons pas naïfs, beau­coup de hauts fonc­tion­naires y voient aus­si leurs intérêts…

Effec­tive­ment cette solu­tion d’externalisation de la R & D est finan­cière­ment la plus rentable et la plus facile à met­tre en œuvre pour l’industrie phar­ma­ceu­tique. Les lab­o­ra­toires publics sont per­dants dans l’affaire. Mais les plus à plain­dre sont les citoyens, qui voient leur argent détourné par les autorités pour servir les intérêts financiers d’un petit nom­bre de per­son­nes. Bien­tôt, les entre­pris­es phar­ma­ceu­tiques, aidées par les politi­ciens véreux, vont se van­ter d’être les sauveurs de la recherche publique ! Nous en sommes presque là…

Le capitalisme étatique

Définition contextuelle :

J’entends par "cap­i­tal­isme éta­tique" l’Etat et toutes ses représen­ta­tions au niveau nation­al, ter­ri­to­r­i­al et local (CCI, EPIC, créa­tions d’entreprises de droit privé émanant directe­ment d’établissements publics de recherche et dont le finance­ment est tou­jours en par­tie pub­lic), qui ont nor­male­ment une mis­sion de ser­vice pub­lic, qui se met­tent à pro­mou­voir le secteur privé et qui con­cur­ren­cent de façon déloyale les Très Petites Entre­pris­es (TPE) et Petites et Moyennes Entre­pris­es (PME) instal­lées sur leur ter­ri­toire. Cette con­cur­rence ne s’exerce pas seule­ment dans le secteur de la san­té et de la recherche bio­médi­cale, mais aus­si sur tous les secteurs à forte inno­va­tion tech­nologique, comme le mon­tre le doc­u­ment de la CCI du Val d’Oise présen­té dans l’encadré plus haut.

Quelques exemples de concurrence déloyale vis-à-vis des TPE et PME :

  • Le domaine du con­seil et de l’expertise
  • Les prestataires de ser­vices tech­nologiques des­tinés aux PME et cer­taines grandes entre­pris­es : c’est le cas, par exem­ple, des prestataires en analyse pro­téomique et ingénierie protéique[4] qui se voient directe­ment con­cur­rencés par les plate­formes tech­nologiques publiques présentes dans les pôles de com­péti­tiv­ité et au niveau des "cen­tres d’excellence" en matière de recherche bio­médi­cale.

Le détournement des fonds publics et la création de niches fiscales :

  • Les fonds publics alloués aux poli­tiques d’aménagement du ter­ri­toire à tra­vers la créa­tion des pôles de com­péti­tiv­ité et cen­tres d’excellence s’élèvent à des cen­taines de mil­liards d’euros depuis le début des années 2000.

    La poli­tique des investisse­ments d’avenir, lancée en 2010 par le gou­verne­ment et dont la liste des pro­jets retenus a été pub­liée au sec­ond semes­tre 2011, con­cerne prin­ci­pale­ment des infra­struc­tures nationales en sci­ences de la vie et en san­té et la créa­tion de super­struc­tures de val­ori­sa­tion (les Sociétés d’Accélération du Trans­fert de Tech­nolo­gie, les SATT) au niveau région­al. Cela représente plusieurs mil­liards d’euros d’investissement au total.

    Toutes ces plate­formes ont été à l’origine con­stru­ites pour servir aux chercheurs des dif­férents lab­o­ra­toires publics (mise en com­mun du matériel car coût financier très élevé et per­son­nel qual­i­fié) mais aus­si des étab­lisse­ments hos­pi­tal­iers. Avec la pri­vati­sa­tion des dif­férents ser­vices publics, ces plate­formes se sont ouvertes aux entre­pris­es privées, qui sont dev­enues des clients. Mais les prix pra­tiqués pour les entre­pris­es du privé sont rel­a­tive­ment mod­iques par rap­port au prix du marché, car les ser­vices sont forte­ment sub­ven­tion­nés par l’Etat.

  • Le Crédit Impôt Recherche (CIR), des­tiné aux PME qui con­sacrent au moins 15% de leurs charges dans des dépens­es de recherche et développe­ment, qui a été très éten­du dans ses critères d’éligibilité depuis sa réforme de 2008, est main­tenant cri­tiqué. Beau­coup d’abus ont été con­statés. Cer­taines grandes struc­tures et fil­iales de multi­na­tionales peu­vent en prof­iter, alors que ces entre­pris­es n’étaient pas con­cernées au départ. Par con­séquent, il ne revient que trop rarement aux petites entre­pris­es indépen­dantes qui en ont réelle­ment besoin.

Le lobbying des élites professionnelles du secteur privé sur les politiciens, les élus locaux et les représentants des organismes de protection sociale

Le lobbying des représentants de l’industrie des biotechnologies auprès des politiciens :

En par­al­lèle de la cam­pagne prési­den­tielle, les représen­tants de l’industrie biotech & phar­ma se mobilisent pour peser sur la cam­pagne élec­torale et les politi­ciens.

Je suis allée fin jan­vi­er à une réu­nion-débat organ­isée par l’association France Biotech qui avait réu­ni quelques représen­tants des can­di­dats à l’élection prési­den­tielle présen­ter leur pro­gramme pour l’industrie des biotech­nolo­gies (cinq par­tis étaient représen­tés : FN, UMP, Nou­veau Cen­tre, PS, Europe Ecolo­gie-Les Verts). France Biotech avait aupar­a­vant pré­paré et mis en ligne un "Man­i­feste pour une poli­tique de l’innovation indus­trielle dans les sci­ences de la vie" dans lequel l’association présen­tait ses propo­si­tions aux can­di­dats à la Prési­den­tielle 2012.

Soutien affiché des syndicats professionnels pour un candidat à la Présidentielle

Dans un com­mu­niqué offi­ciel daté du 27 févri­er 2012 que j’ai reçu par cour­riel, l’association France Biotech a soutenu le can­di­dat du PS, François Hol­lande :   France Biotech, l’association des entre­pre­neurs en sci­ences de la vie se félicite des engage­ments que prendrait François HOLLANDE dans le cas où il serait élu. Ses promess­es, évo­quées lors de sa vis­ite au Géno­pole, s'inscrivent dans la con­ti­nu­ité de la plate­forme de propo­si­tions prési­den­tielle de France Biotech et la ren­con­tre organ­isée par France Biotech le 23 jan­vi­er dernier avec les cinq prin­ci­paux par­tis poli­tiques.

Si François Hol­lande et le PS sont d’accord avec les propo­si­tions de France Biotech, incar­né par son prési­dent, représen­tatif des grands indus­triels de la biotech et de la phar­ma (il est PDG du groupe Cel­lec­tis côté en bourse), qui prô­nent ouverte­ment encore plus de pri­vati­sa­tion du secteur pub­lic et des pro­duits du vivant, encore plus de spécu­la­tions bour­sières, accom­pa­g­nées d’une plus grande sou­p­lesse et rapid­ité dans la règle­men­ta­tion… alors nous ne serons pas éton­nés que non seule­ment le PS ne fait pas peur aux grands indus­triels et financiers, mais qu’au con­traire ce par­ti devient main­tenant leur fer de lance !

Connivences affichées entre le monde de l’académique et les politiciens :

Un peu dans la même veine, j’ai égale­ment assisté aux "Ren­con­tres Dauphine San­té", cycle de trois débats con­tra­dic­toires à l’Université Paris-Dauphine sur le thème de la "san­té en France de 2012 – 2017" en présence des représen­tants de qua­tre par­tis poli­tique (UMP, Nou­veau Cen­tre, PS, Europe Ecolo­gie-Les Verts). Les thèmes abor­dés traitaient de l’avenir de la médecine libérale, de celui de l’hôpital pub­lic et des étab­lisse­ments hos­pi­tal­iers dans leur ensem­ble, ain­si que du mode de finance­ment de la pro­tec­tion sociale. Les débats étaient ani­més par le Prési­dent du Col­lège des Econ­o­mistes de la San­té, aus­si directeur d’études à Paris-Dauphine en "Economie et ges­tion de la san­té", grand défenseur de l’économie de marché et du sys­tème cap­i­tal­iste. Le "débat" ne pou­vait être que biaisé d’autant plus que seul un pan­el con­sti­tué "d’experts" triés sur le volet pou­vait inter­roger les poli­tiques. L’assistance n’y était pas autorisée.

Les grands financiers à la rescousse de la recherche en biotechnologie :

En tant que gérante d’entreprise, j’ai assisté en mars 2012 à une con­férence (gra­tu­ite mais sur invi­ta­tion) inti­t­ulée "Réus­sir le virage des biotech­nolo­gies en Europe. La san­té humaine au cœur de la crois­sance économique". Cet évène­ment était organ­isé par la société Edmond de Roth­schild Invest­ment Part­ners, fil­iale du groupe Edmond de Roth­schild, qui investit depuis quelques années dans le secteur des biotech­nolo­gies, espérant une future "bulle finan­cière de la biotech". Afin de con­va­in­cre les investis­seurs présents dans l’assistance (prob­a­ble­ment déjà des clients et parte­naires de la fil­iale Roth­schild), les ban­quiers avaient invité comme inter­venants des mem­bres réputés du corps médi­cal et sci­en­tifique, ain­si que des représen­tants du secteur indus­triel de la biotech­nolo­gie (le prési­dent de France Biotech) et de la phar­ma­ceu­tique (le prési­dent de l’association Européenne des Entre­pris­es Bio­phar­ma­ceu­tiques – Euro­pean Bio­phar­ma­ceu­ti­cal Enter­pris­es). La con­férence était à nou­veau ani­mée par le prési­dent du Col­lège des Econ­o­mistes de la San­té.

J’ai eu l’occasion de par­ler avec un investis­seur poten­tiel qui était le respon­s­able du pôle économie du groupe Audi­ens, organ­isme de pro­tec­tion sociale. Ce respon­s­able avait été invité car Audi­ens en tant que client de Edmond de Roth­schild Invest­ment Part­ners, avait con­fié la ges­tion d’une par­tie de ses fonds de pen­sion comme fonds d’investissement à risque (pri­vate equi­ty). C’est intéres­sant et instruc­tif de pren­dre con­science de la façon dont ces organ­ismes pla­cent l’argent provenant des coti­sa­tions sociales de leurs adhérents. Est-ce vrai­ment dans l’intérêt des coti­sants ?

En guise de conclusion

Je suis main­tenant de plus en plus con­va­in­cue, au vue de tous ces dys­fonc­tion­nements et ces dérives, que le secteur des sci­ences de la vie et celui de la recherche bio­médi­cale doivent majori­taire­ment rester dans le secteur pub­lic, en tant que pro­priété de la pop­u­la­tion. Notre sys­tème de san­té doit être redéfi­ni pour que lui aus­si soit de nou­veau une mis­sion de ser­vice pub­lic.

S’il peut rester des domaines de ces secteurs dans le secteur privé, alors cela ne con­cern­era qu’une minorité de pro­duits et ser­vices et de toute façon cela ne pour­ra pas se faire selon une con­cep­tion cap­i­tal­iste du marché. A mon avis, la plu­part des traite­ments thérapeu­tiques (médica­ments, bio­médica­ments, thérapies cel­lu­laires et géniques…) sont très longs et coû­teux à dévelop­per, donc peu renta­bles, il est donc para­dox­al de les "con­fi­er" au secteur privé, sans par­ler des aspects éthiques et du réel rap­port bénéfices/risques qui est sou­vent mal éval­ué…

Que reste-t-il pour le secteur privé ?

Pour ce qui est du domaine du diag­nos­tic, il sem­blerait que les bio­mar­queurs soient presque aus­si com­plex­es que les bio­médica­ments à décou­vrir et à met­tre au point. Cela devrait donc retomber dans le domaine pub­lic.

Ce qui pour­rait ren­tr­er dans le secteur privé, ce sont des pro­duits et ser­vices aux­il­i­aires (non vitaux pour la pop­u­la­tion), par exem­ple un cer­tain type d’outillages et d’appareillages dans le domaine des biotech­nolo­gies.

Il faudrait envis­ager pour ces entre­pris­es "privées" une gou­ver­nance d’entreprise plus démoc­ra­tique, plus respon­s­able et plus pérenne de type Scop. Leur objec­tif devra être avant tout de respecter l’intérêt général de la pop­u­la­tion. Elles devront être renta­bles (c’est-à-dire attein­dre le seuil de rentabil­ité), mais il n’y aura pas de recherche de prof­it. En plus des salariés-asso­ciés qui seront déci­sion­naires pour 65% du droit de vote (d’après les statuts fon­da­teurs des Scop), il faudrait ajouter les représen­tants des usagers/patients et asso­ci­a­tions de citoyens au con­seil d’administration. Le mod­èle d’entreprise de demain est à réin­ven­ter. Il existe déjà des mod­èles dont nous pou­vons nous inspir­er…

Je pense que les entre­pris­es publiques devront aus­si adopter une gou­ver­nance et une ges­tion démoc­ra­tiques, ce qui n’est pas le cas actuelle­ment !

Il faut égale­ment éviter le gigan­tisme. Il faut revenir à des struc­tures de plus petites tailles. Les entre­pris­es de plusieurs dizaines de mil­liers d’employés sont à pro­scrire.

Il est inutile de nation­alis­er toutes les grandes indus­tries phar­ma­ceu­tiques, car beau­coup de médecins recon­nais­sent actuelle­ment qu’il y a trop de médica­ments (rem­boursables et en automédi­ca­tion) sur le marché. En France, il y aurait au moins 5000 médica­ments autorisés sur le marché[5]. Une par­tie du corps médi­cal s’accorde à dire que la majorité de ces médica­ments sont redon­dants, inef­fi­caces et entraî­nent des effets sec­ondaires non nég­lige­ables. Il faudrait restrein­dre la liste à quelques cen­taines d’après eux[6] !


[1] L’Etat français par l’intermédiaire des EPIC a trou­vé un tour de passe-passe pour faire du com­merce dans le secteur privé sur des secteurs cri­tiques et stratégiques en matière de san­té et d’énergies. On peut tou­jours s’interroger sur le bien-fondé de la con­sti­tu­tion de ces EPIC comme garant de l’intérêt général de la pop­u­la­tion.
[2] Toutes ces con­férences et con­ven­tions d’affaires sont réservés aux pro­fes­sion­nels du secteur des SDV et du bio­médi­cal. Elles sont bien évidem­ment payantes. J’ai pu assis­ter à quelques-unes d’entre elles quand mon bud­get me le per­me­t­tait. Toutes les grandes con­ven­tions "Bio" en Europe et aux USA sont des con­ven­tions d’affaires (très chères), organ­isés par des pro­fes­sion­nels de l’évènementiel. Elles représen­tent des bonnes occa­sions pour les respon­s­ables des TTOs de faire des affaires (en fonc­tion des objec­tifs cités précédem­ment) avec les grandes indus­tries de la phar­ma et des biotech­nolo­gies.
[3] Ces bio­médica­ments sont très chers à dévelop­per et très com­plex­es. Cela devient vite une affaire de spé­cial­istes pour com­pren­dre les sub­til­ités et effets d’une molécule spé­ci­fique dans un traite­ment thérapeu­tique don­né, mais bien sou­vent les spé­cial­istes oublient la vision glob­ale du prob­lème. Il s’agit d’un point com­mun avec les pro­duits financiers ultra­so­phis­tiqués dévelop­pés par les "experts" de la finance, c’est plus facile pour manip­uler les non-ini­tiés. Per­son­ne n’y com­prend plus rien à la fin, pour la biotech c’est la même chose !
[4] J’ai ren­con­tré des dirigeants de ces entre­pris­es lors d’une con­ven­tion d’affaires au print­emps 2011 qui m’ont fait part de cette con­cur­rence déloyale.
[5] Safon MO, Suhard V avec la col­lab­o­ra­tion de Pichet­ti S. La Poli­tique du médica­ment en France. Syn­thèse de l’IRDES, Mars 2011. Arti­cle sur le site inter­net du LEEM "Marché intérieur", juin 2011. http://www.leem.org/ Chiffres de 2007 pour l’IRDES (Insti­tut de Recherche et Doc­u­men­ta­tion en Economie de la San­té) et de 2010 pour le LEEM (Les entre­pris­es du médica­ment). Le LEEM cite le chiffre de 5 500 pro­duits, c’est-à-dire tout médica­ment spé­cial­isé con­tenant une ou plusieurs sub­stances de base, et ven­du sous une même dénom­i­na­tion – quels que soient les asso­ci­a­tions, dosages, formes d’administration ou mod­èles divers sous lesquels il est ven­du.
[6] Debré B et Even P, Rap­port de la mis­sion sur la refonte du sys­tème français de con­trôle de l’efficacité et de la sécu­rité des médica­ments. Mars 2011 : 12–14.
Grimal­di A, Tabuteau D, Bour­dil­lon F, Pier­ru F, Lyon-Caen O. Man­i­feste pour une san­té égal­i­taire et sol­idaire. Paris : les édi­tions Odile Jacob, sep­tem­bre 2011. p. 109–118.
NB) En octo­bre 2012, cinq pro­fesseurs de médecine, dont André Grimal­di, ont lancé un appel "Pour une autre poli­tique du médica­ment", dans lequel ils con­fir­ment la sur­con­som­ma­tion des médica­ments par les Français et le trop grand nom­bre des spé­cial­ités : "Les Français con­som­ment trop de médica­ments inutiles et exagéré­ment coû­teux. Sans dom­mage, on pour­rait divis­er leur nom­bre par qua­tre." Selon une dépêche de l’AFP, con­sultée le 15/10/2012 sur le site inter­net du Figaro : http://sante.lefigaro.fr/actualite/2012/10/08/19247-medicaments-experts-reclament-guide-officiel